Samedi 16 juin 2012
Déjà le dernier jour ! Ce matin nous avons tous revêtu
nos « habits de lumière » de l’an passé, même ceux qui n’étaient pas
de la Bretagne, Jean-Pierre, Serge, Florian et Philippe arborent la belle tenue
Orange, bleu et blanche. Christine avait prévu le coup et s’était chargée de
récolter auprès des absents leurs cuissards et maillots afin de pouvoir fournir
aux nouveaux et ainsi se reconnaître plus aisément. Aujourd’hui, c’est
important car nous allons être noyés dans le plus grand peloton du monde, 13100
cyclistes jusqu’à Saint-Félicien.
Nous étions à notre hôtel à Antraigues en fond de vallée, que
faire pour en sortir ? Et, ben oui ! Monter !
Du coup l’échauffement sur les 20 mètres qui séparent l’hôtel
du pied du col d’Antraigues nous parait bien peu… mais bon ! Nous
montons calmement en moulinant, cela permet de discuter, de profiter du paysage
et de continuer à discuter avec les autres cyclistes, même parfois pour leur
dire quelques vacheries ! Glups…
Nous basculons au sommet du col, avec un petit public pour
nous accueillir. En fait, il s’agit de pompiers, car le dispositif de sécurité
d’aujourd’hui a été revu à la hausse, vu que l’ensemble des concurrents de
l’ardéchoise, coureurs et randonneurs, se trouvent en même temps sur les routes
ralliant Saint-Félicien. Nous profitons une nouvelle fois d’une superbe
descente sur une route étroite, avec des passages techniques sur de petits
ponts et sans voiture, pour nous lancer à quelques 50 -55 km/heure. J’aurais dû
dire sans voitures ou presque, puisque nous allons croiser le fourgon qui gère
le ramassage des valises et qui va nous donner quelques sueurs froides... Nous
avons malgré tout une petite pensée pour lui, nous venons de croiser 1 fourgon
et lui va devoir éviter des centaines de vélos. Une image me vient : celle
d’un vaisseau spatial dans une nuée de météorites…
Le 2ème col de la journée qui
se dresse devant nous, est long de quelques 13 kilomètres sur une pente
régulière de 5.8 à 6.2 %, chacun monte à son rythme sous une température qui devient
de plus en plus élevée.
Nous nous rassemblons à son sommet dépourvu de forêt et
c’est au milieu de prairies et de genêts battus par un petit vent que nous
rejoignons le village suivant.
C’est au son de l’accordéon que nous découvrons cette halte
salutaire ou petits sandwichs, gâteaux, fruits et bonne humeur nous attendent.
Après s’être restaurés, fait le plein des gourdes et quelques fausses notes
d’accordéon plus tard nous prenons congé de nos hôtes pour continuer de monter
jusqu’au point culminant de ces 3 jours, le Mont Gerbier de Jonc.
La photo souvenir au pied du panneau indiquant le sommet est
obligatoire et certain profite de l’assistance « Mavic » pour refaire
les pressions des pneus.
En ce lieu géographique, connu de tous pour être le
lieu de la source de la Loire, nous nous trouvons au point de convergence de
tous les circuits de l’ardéchoise … Et la descente ressemble à un fleuve de
cyclistes où il vaut mieux ne pas être un loir et garder les yeux bien grands
ouverts.
Sur cette route large avec une pente très importante, le
« gros cœur » est de rigueur, nos compteurs frôlent les 60 - 70 km/h.
A cette vitesse la technique consiste à rester au milieu de la route, de
doubler les moins rapides tout en laissant la place pour se faire doubler par les
coureurs. Ça parait simple sur le papier, mais sur le terrain c’est chaud ….
L’esprit « petite randonnée » que nous avons vécue ces 2 jours est
bel et bien terminé.
Dans la vallée qui suit, nous mettons en pratique
l’expérience acquise lors de nos entrainements. Nous roulons roue dans roue en
faisant des relais rapides, l’effet « compteur » est immédiat et la
cadence soutenue. Le village suivant est noir de monde et le sourire de
François qui n’en ai pas à sa première ardéchoise, nous rassure, la table doit
être bonne… En effet, fromage de chèvre, charcuterie, l’éternelle crème de
marrons, ça ne pouvait pas mieux tomber, il commençait à faire faim.
Après une pause rapide, nous ne prenons pas le temps de
digérer, il faut avancer et un nouveau col se profile à l’horizon. Le début est
tranquille en faux plat montant sur 4-5 kilomètres, puis la pente se durcit
pendant 12 kilomètres. Un petit groupe d’Evirois pas assez fatigué et agacé par
un concurrent qui se porte à leur hauteur accélère progressivement et grimpe
ainsi le col sur la voie de gauche. Résultat : des centaines de cyclistes
doublés et une vitesse de croisière entre 18 – 18.5 km/h et un final à près de
45 km/h.
C’est bien beau, mais la montée n’est pas terminée encore
quelques kilomètres jusqu’à Lalouvesc. Nous en sommes depuis le départ ce matin
à 110 kms, les vélos sont tout touchants et forment une file ininterrompue, les
organismes commencent à être éprouvés et ceux qui n’ont pas assez de kilomètres
d’entrainement dans les jambes le paie cash. Certains montent à côté du vélo,
d’autres sont couchés sur le bas-côté, d’autres encore sont tout à gauche
(Petit plateau et grand pignon) et malgré cela, n’avancent plus…
Nous ne sommes pas dans ces cas de figure, mais l’arrivée à
Lalouvesc marque la fin des grosses difficultés et nous procure un certain
soulagement, voir un soulagement certain... Après avoir mangé l’équivalent d’un
régime de banane chacun (c’est fou, ce que ça creuse le vélo…) bu 4 litres
d’eau et jeté un petit coup d’œil sur le dénivelé restant, nous voilà reparti
sous une chaleur accablante.
Nos dernières bornes sur cette cyclo ne sont que plats et
descentes, nous savourons donc ces derniers instants et nous sommes entre la
nostalgie que procure toute histoire qui se termine et l’agréable sensation du
« travail » accompli.
Grâce à notre entrainement, la difficulté du parcours, la
chaleur, les 16 cols franchis, les 370 kms, les 6600 mètres de dénivelé
resteront une source de plaisir et de dépassement de soi. Nous retiendrons
surtout le plaisir d’avoir partagé cette aventure entre humanoïdes de la même
espèce : « les homopedalus »
Il faut quand même signaler qu’il existe des sous-espèces que
nous allons détailler rapidement :
·
Les homopedalus scottis, les plus
évolués … (Ndlr : Marc a un vélo Scott)
· Les
homopedalus béaches assez complémentaire (l’un est fait comme un cadre à vélo
et l’autre est roue(x), on recherche des pédales….)
· Les
homopedalus fifillus, qui ont la particularité de grimper sur tout ce qui ne
bouge pas, les cols en particulier…
· Les
homopedalus gitanus, espèce en voie de disparition depuis qu’ils ont perdu 2
superbes mâles reproducteurs…
· Les homopedalus estrangis, ils ont
rallié le troupeau en provenance de contrées lointaines…
· Un
homopedalus times, seul représentant de son espèce, qui comme son nom l’indique
à le pouvoir d’agir sur le temps. Celui qui passe, en le divisant par 2 en
général… mais également celui qu’il fait, en faisant en sorte que le ciel soit
toujours dégagé et les températures tropicales… A signaler qu’un seul spécimen
de cette espèce est largement suffisant car à plusieurs ils seraient capables
de faire croire à un cul-de-jatte qu’il peut monter en vélo faire le col de
l’Iseran au mois de Janvier…
Voilà, c’est la fin de notre périple, juste avant de passer
sous le boudin d’arrivée (eh, oui !!! nous terminons cette ardéchoise sous
un boudin… nous qui l’avions imaginée belle et sauvage…) nous nous rassemblons
afin de terminer comme nous avons commencé, tous ensemble.
Une fois la ligne d’arrivée franchie, nous nous rendons
vraiment compte de l’organisation mise en place : consigne à vélo géante,
restauration ultra rapide, 4 à 5 minutes de queue pas plus, pour prendre un
repas très correct fait de ravioles, de crudités, fromages, fruit… de nombreux
stands d’accessoires vélos et nous terminons par la récupération des bagages au
sommet du village.
Arrivée sur place, coup de théâtre… suspens… non rien de
grave, les bagages sont bien là…
C’est juste : Jean-Pierre des Ollières qui a crevé sa
chambre à air sur sa roue arrière, faut le faire…
Pour se faire pardonner (et ben si ..!! Chez nous c’est
une faute grave de crever, et je sais de quoi je parle…) Il devra porter sa
valise plus celle de Philippe jusqu’au parking A1. L’avenir nous prouvera que
ce n’était peut-être pas la meilleure idée…
Nous voilà à nos véhicules, il nous faut charger les vélos
dans la remorque et le fourgon. Pour ce qui est de la remorque cela va assez
vite… enfin, vite pour les vélos des autres, parce que ceux qui sont chargés de
l’arrimage ont pris une bonne ½ heure pour attacher, protéger, vérifier, leur
propre vélo… Vous trouvez ça normal vous ?... Par contre, pour ce qui est
du fourgon, il manque juste le proprio…devinez qui c’est ? Eh, oui !
Philippe… qui allégé de son sac se sentit pousser des ailes et vola jusqu’au
parking A4, soit l’équivalent d’un col supplémentaire. Qu’est-ce qu’il ne faut
pas faire pour se la péter en rentrant…
Il est temps à présent de rentrer, nous nous mettons en
configuration convoi, Philippe (encore lui), la Nath. Maul et enfin le fourgon et
la remorque et le GPS qui ferme la marche. Sans hésiter Philippe s’élance 5 kms
puis 10 puis 15, pendant tout ce temps madame « tom-tom » qui je vous
le rappelle est dans le dernier véhicule (chercher l'erreur...) n’arrête pas de
répéter : « faite demi-tour dès que possible, faite demi-tour dès que
possible…. » et ce jusqu’au bouchon de Tournon (trop tard...). Vu l’avance
phénoménale, nous ne sommes plus à ½ heures près, nous décidons de prendre une
petite bière en terrasse, avant de rentrer dans nos foyers.
A l'année prochaine pour de nouvelles aventures...